Survivant de Takao Saito, un manga post apo/survivaliste


L'un des maîtres du Manga, Takao Saito, nous livre dans "Survivant" sa vision d'un japon post-apocalyptique. Survivant raconte les aventures de Satoru, un jeune homme de 14 ans qui réchappe à un tremblement de terre alors qu’il explorait une grotte avec des amis. Il se réveille seul, sur un bout de terre… entouré d’eau à perte de vue, alors qu’il est sensé être sur une montagne. Il fait le tour de son île à la recherche de ses amis mais n’en trouve aucun. En plongeant dans l’eau il découvre un village englouti, le Japon semble avoir été submergé par la mer. Seul, tenaillé par la faim, il va apprendre à survivre dans ce monde hostile: chasser, pêcher, se construire des instruments, se faire une cabane, se protéger du froid… Néanmoins, peut-il vivre seul éternellement, que sont devenus ses parents et sa soeur, Tokyo est-il sous les mers, existe-t’il d’autres survivants?

Se nourrir est la première préoccupation du jeune survivant, et elle le restera tout au long de ses aventures. Malgré la présence d’animaux et de plantes, il doit apprendre à chasser, à pêcher, mais aussi à repérer les espèces végétales comestibles. Il vit ainsi de tragiques heures après avoir mangé des champignons plus que douteux. Enfin, durant l’hiver, il peine à trouver de quoi se nourrir, aussi doit-il anticiper le passage des saisons - une nécessité qui échappe totalement aux hommes modernes que nous sommes… La deuxième grande obsession de Satoru. Plus cruelle encore que la faim, la soif se fait sentir dès que notre héros quitte son île. Impossible, dans un environnement inconnu, de prévoir la présence de sources d’eau potable ! Le jeune homme suit donc le plus possible les cours d’eau, mais ceux-ci étant parfois pollués, il doit alors renoncer à en avaler la moindre goutte.

Après plusieurs tentatives plus ou moins fructueuses, Satoru parvient à maîtriser la technique du feu. Il utilise alors ce qu’il a sous la main - pellicule photo et loupe, méthode ancestrale de frottage de bois ou encore billets de banque. Satoru a d’abord la chance de trouver une grotte où s’abriter. Cependant, cet habitat rudimentaire se révèle vite insuffisant. Il est donc obligé de l’aménager afin de le protéger du froid, et aussi tout simplement de le rendre habitable ! Hélas, il s’en verra finalement chassé par les rats. Il s’essaiera alors à la construction d’une cabane en branchage, laquelle s’avérera idéale.

Suite à la mystérieuse catastrophe qui a frappé le pays, le climat semble déréglé. Les saisons passent plus vite, et sont plus contrastées qu’auparavant: ainsi l’hiver se fait glacial et l’été caniculaire. Une situation qui complique encore davantage les conditions de vie de notre rescapé…

Les rats harcèlent littéralement Satoru. Une engeance dont il peine à se débarrasser, les créatures, flairant la nourriture, s’attaquant sans relâche à son habitat. Seule la présence d’une chouette baptisée Vendredi garantit un temps sa tranquillité. Mais les rats ont aussi l’avantage du nombre… Plongé dans l’environnement naturel, Satoru a perdu la place de créature dominante qu’occupe l’homme dans les sociétés dites civilisées. Il se retrouve ainsi à côtoyer ours, tigre, sanglier et autres bêtes sauvages désireuses de se nourrir et de veiller sur leur territoire. Attention: ici, les rapports de bon voisinage ne durent jamais longtemps.

Qu’elle soit perturbée ou non, la Nature réserve de dangereuses surprises à Satoru. Séismes, tornades, éruptions volcaniques, incendies, montée des eaux et vents violents se succèdent presque sans discontinuer. Serait-ce là une révolte, après ce que l’Homme a fait subir à la planète ? Très vite, Satoru souffre de la solitude que lui impose sa condition de survivant. Parfois désespéré, il tente même de mettre fin à ses jours. Mais son appétit de vivre et sa volonté le poussent néanmoins à réagir et à aller de l’avant. D’abord réjoui de retrouver d’autres rescapés, Satoru est souvent déçu. En effet, ses semblables ne sont pas tous des anges, et les nouvelles et difficiles conditions d’existence ont encore exacerbé l’individualisme de certains. Satoru découvre ainsi que parfois, “l’homme est un loup pour l’homme”. Un manga à découvrir absolument, un vrai chef d'oeuvre du genre que je vous conseille vivement.